Chantier IA 2 | Sporobole

Énoncé commissarial

Sporobole propose une deuxième série d’appels à projets dans le cadre du Chantier IA!

L’intelligence artificielle (IA) est devenue une expression banale et courante tant elle a intensivement occupé l’espace médiatique ces derniers mois. En effet, les avancées technologiques qui ont porté l’IA à l’avant-plan de l’attention générale – ChatGPT, Gemini ou autres LLMs et algorithmes génératifs qui produisent des images, des sons, des vidéos, des textes ou du code – l’ont rendu si présente, autant dans l’imaginaire que dans sa dimension concrète, qu’il est maintenant difficile de regarder en arrière et d’envisager une réalité pré-IA. C’est sans compter le fait que les algorithmes font partie de nos vies quotidiennes depuis de nombreuses années déjà, mais dans l’ombre des écrans, calculant silencieusement, automatisant ici et là des fonctions informatiques, facilitant l’usage de sites web et de logiciels, etc. – et, en somme, construisant des ponts entre le monde interne de la réalité numérique et celui, externe, de notre réalité physique.

Au cœur de cette révolution technologique et de ce renversement de paradigme – de notre représentation du monde –, des émotions mélangées viennent infiltrer nos postures, quelles qu’elles soient. Crainte et méfiance sont alors l’envers d’une médaille où l’émerveillement valse avec la stupeur, et même si la méfiance est une alliée bien intentionnée et souhaitable, notre peur de l’IA – comme bien des peurs – est souvent déraisonnable et profondément enracinée dans des croyances et des mythes. Que l’on établisse un parallèle avec une entité d’origine inconnue, une forme de conscience extraterrestre, une figure de déité ou un golem moderne, l’IA demeure néanmoins de l’ordre de l’altérité : c’est l’étranger qui habite la boîte noire et qui l’active. Il semblerait cependant qu’il ne soit pas complètement impossible d’investiguer le fonctionnement de ces réseaux de neurones artificiels, notamment à travers des processus de rétro-ingénierie. L’aura de mystère de l’IA n’est-elle pas finalement une invitation à en vérifier les limites et les fondements?

Après une première série de résidences artistiques autour de l’IA, c’est avec beaucoup d’enthousiasme que Sporobole lance sa deuxième série d’appels à projets, poursuivant ainsi le cycle de réflexion et d’accompagnement à la création artistique actuellement en cours. Ce large Chantier IA, qui se déploie jusqu’en 2026, est une initiative aux multiples ramifications et dont l’objectif est d’offrir aux artistes un contexte qui vise à favoriser l’exploration du potentiel algorithmique de l’IA dans son état actuel. Cet état en est un de constante mouvance, d’effervescence folle, d’optimisation grande vitesse, de questionnement éthique et de redéfinition du concept de création – pour ne nommer que quelques aspects du prisme qui recompose sous nos yeux une certaine fraction du présent. Et si nous longeons du regard l’horizon des développements technologiques qui ont cours, ce présent semble toujours être déjà un futur.

Par des résidences à travers lesquelles nous espérons rejoindre diverses disciplines artistiques, des arts numériques à la littérature et du cinéma aux pratiques sonores, notre souhait est de contribuer à décloisonner le vase, parfois bien clos, de l’art numérique et de participer activement à la démystification de l’IA en offrant un contexte d’exploration optimal et adapté aux artistes. Notre mandat de soutien au développement de projets artistiques est également renforcé par une approche de type co-construction des connaissances qui sera mise de l’avant à travers certaines résidences dans lesquelles la notion de transfert des savoirs sera particulièrement valorisée. Il s’agira ainsi de réfléchir au rôle de l’IA, des algorithmes et des mécanismes d’apprentissage machine, non seulement à leurs fonctions connues et assumées, mais aussi à leur agenda caché; de détourner leur usage prescrit; d’explorer leur potentiel à travers des déplacements situationnels et contextuels; d’approfondir notre posture critique et éthique face aux algorithmes; d’envisager des modalités de « cohabitation » et de « dialogue » avec l’IA qui soient différents, qui ouvrent vers des futurs inclusifs et créatifs.

Il va sans dire : nous avons très hâte de prendre connaissance de vos projets et propositions!

DATE LIMITE POUR POSTULER : 31 OCTOBRE 2024!

Des questions? Contactez-nous à [email protected].

Sporobole est un organisme qui explore les enjeux que posent les technologies numériques pour la création artistique et l’écosystème qui la soutient. En plaçant la création artistique indépendante au centre de ses actions, le centre ouvre des espaces de réflexion, d’expérimentation, de production et de diffusion qui donnent voix et corps aux personnes qui constituent le cœur de l’écosystème artistique. Les actions de Sporobole touchent tout autant la recherche et l’exploration artistique que l’accompagnement et l’autonomisation technologiques des artistes et des organismes culturels.

Le Studio de Sporobole constitue le principal espace d’expérimentation, de production et de réflexion artistique de notre organisation. Son équipe cumule plus de 30 ans d’expérience en recherche et développement dans le monde artistique, technologique, académique et des médias interactifs. Il accueille des artistes en résidence de recherche-création pour des périodes de quelques semaines à plusieurs mois et les accompagne à toutes les phases du projet : réflexion, expérimentation, prototypage, production et distribution.

Pendant toute la durée du cycle 24-26, Sporobole produira une série d’expositions autour de l’IA et des manières dont elle impacte nos sociétés. Diverses perspectives seront ainsi explorées tout en mettant à l’avant-plan le potentiel artistique de ces outils. Le cycle se conclura par la sortie d’une publication – comprenant notamment des essais, des entrevues et un retour sur les résidences – présentement en cours de réalisation. Le Chantier IA s’intègre dans le laboratoire ArtIA qui réunit Sporobole, la SAT (Société des arts technologiques), Projet Collectif et le LLio (Laboratoire en innovation ouverte) dans un programme de réflexion et de recherche-action sur les enjeux de l’IA pour le milieu artistique.

Cohorte | cinéma indépendant

Cet appel est destiné à trois artistes du cinéma indépendant, spécialisés en réalisation ou direction photo, pour une résidence de six semaines en mode cohorte. Les artistes expérimenteront avec des outils d’IA générative, développant prototypes et séquences d’œuvres, sans obligation de finaliser un projet complet. La résidence se déroulera en parallèle, favorisant les échanges et l’apprentissage collectif.

Cohorte | pratiques sonores

Cet appel est lancé pour trois artistes travaillant principalement avec le son, dans des domaines tels que la musique, les arts sonores, le podcast, la radio, et la poésie performée, pour une résidence de six semaines en mode cohorte. Les artistes sélectionnés expérimenteront avec des outils d’IA générative pour développer des prototypes ou des séquences d’œuvres, sans obligation de réaliser un projet complet.

Résidences individuelles en exploration et production

Cet appel propose trois nouvelles résidences individuelles en exploration et production, ouvertes à toutes les disciplines. Deux formats sont proposés : une résidence de sept semaines et deux résidences de quatre semaines. Les artistes retenus expérimenteront avec des outils d’IA générative pour réaliser des prototypes ou des œuvres finies. Les résidences se dérouleront en mode individuel, chaque artiste travaillant sur place dans des laboratoires.