Boudreau | Rodríguez | Labelle | Point d’ouïe #4
« POINT D’OUÏE #4 » : PROGRAMME D’IMMERSION SONORE
Artistes : Léa Boudreau, Martín Rodríguez, Simon Labelle
Commissaire : Mathieu Arsenault
Il existe plusieurs façons d’observer un lieu. Les différentes couches de lectures qui le constituent offrent chacune un point de vue ou d’écoute unique. Certaines couches s’imprègnent sur nos sens, d’autres les traversent sans être détectées ou encore existent seulement dans nos imaginaires comme des micro-impulsions synaptiques.
Chaque artiste de la soirée Point d’ouïe #4 s’intéresse au lieu dans ce qu’il a d’insaisissable et tentent de magnifier ses qualités imperceptibles ou de révéler ce qu’il a d’invisible. Dans sa pratique, l’artiste Martín Rodríguez sonde les lieux en y installant des réseaux complexes de transmission et de réception d’ondes radio. Entre la performance et l’installation, il crée des structures électromagnétiques qui tissent des liens invisibles entre les objets et les gens qui habitent l’espace. L’artiste Léa Boudreau quant à elle, travaille avec le microscopique et la limite du perceptible en fabriquant des robots miniatures qu’elle déploie dans l’espace. Dans une approche multidisciplinaire qui allie électronique DYI, performance et art sonore, elle s’intéresse au potentiel qu’a le non-humain d’activer un lieu et de le transformer. Finalement, le musicien et artiste sonore Simon Labelle recense les lieux pour en extraire leurs caractères émotifs. En transformant des enregistrements effectués dans des endroits qui lui sont chers, il trace une carte émotive de l’espace ancrée dans le ressenti, les souvenirs et la nostalgie.
Pour la soirée Point d’ouïe #4, les trois artistes se rassembleront à Sporobole autour d’un dispositif de 16 haut-parleurs conçu spécialement pour la soirée. Dans ce contexte d’écoute hors du commun, les artistes comme le public pourront réécouter l’espace pour y découvrir des lieux imaginaires aux potentiels insoupçonnés.
Mathieu Arsenault, Commissaire.
Pour en savoir plus sur les œuvres :
Léa Boudreau
un lieu avec qui bruire || a place to noise with
un lieu avec qui bruire || a place to noise with est une performance inspirée d’une installation du même nom qui considère le lieu comme un être plus-qu’humain et qui interagit avec lui. Compris comme étant plus que la somme de ses parties, le caractère plus-qu’humain conféré au lieu évoque sa vitalité, son unicité et son agentivité. La performance explore les détails bruités (souvent) imperceptibles ou ignorés du lieu (dans ce cas-ci, la salle de diffusion de Sporobole) grâce à de petits dispositifs électroniques faits sur mesure, utilisés comme intermédiaires sensoriels qui rendent les subtilités du lieu audibles pour un public humain. L’œuvre attire ainsi l’attention sur la nature fluctuante de ce lieu et souligne la multitude d’entités (vivantes ou non) qui le composent. Entre autres, elle révèle les textures qui émergent de champs électromagnétiques alors que le potentiel résonant de divers matériaux amplifie les bruits de fond. Le public est invité à réfléchir aux limitations sensorielles humaines et à son impact sur notre manière d’interagir avec le monde, tout en considérant son propre rôle, même temporaire, dans le paysage bruité du lieu de diffusion.
Martin Rodriguez
La migration comme territoire
Être Chicanx, être Mestizx, c’est exister dans les marges, ne pas être d’ici ou d’ailleurs, être d’un non-lieu. Ces identités ne se définissent que dans l’entre-deux, dans un espace matérialisé par la friction; elles sont le résultat monstrueux né de l’interdépendance. Seul le processus permet de se réapproprier le lieu.
Par la transmission de fichiers d’archives sonores sur la même fréquence, la performance de Martín Rodríguez incarne cet espace marginal fragile. En manipulant la distance entre les émetteurs et les radios qui les accompagnent, l’artiste déplace le son d’un objet à l’autre. Ainsi, par l’entremise de la radio qui agit comme un vecteur d’enchevêtrement des transmissions, chaque mouvement et petit geste affecte la diffusion et révèle l’entre-deux.
Simon Labelle
Family Vacation 1993
Simon Labelle échantillonne des sons tirés de diverses vidéos sur la plateforme Youtube. Pour sa performance, il propose de travailler à partir de la chaîne de recherche « Family vacation 1993 » dont les résultats mènent à des numérisations de cassettes entières de souvenirs de familles au nombre de vues limitées. Ainsi, l’artiste pille la mémoire des autres à l’abri de l’algorithme, un acte qui le fait se sentir à la fois nostalgique et voyeur.