Nouveaux environnements
Artistes : Baron Lanteigne, Caroline Gagné, François Quévillon, Laurent Lévesque & Olivier Henley, Olivia McGilchrist, Sabrina Ratté
Commissaire : Nathalie Bachand
Matière première de l’environnement terrestre, la nature est cet ensemble de matériaux qui se régénère par lui-même – c’est du moins encore le cas tant que les paramètres environnementaux n’auront pas été entièrement déréglés par les changements climatiques en cours.
Il s’agit également d’un sujet-objet qui aura été – à toutes les époques et au travers de tous les courants – largement dépeint, montré, cité, transformé, remixé par la représentation artistique. Sujet sublime par excellence, l’événement naturel est celui sur lequel nous avons le moins d’emprise. Si la nature constitue un aspect de notre réalité qui souvent nous échappe – et par le fait même nous fascine et nous obsède –, son interprétation à travers le travail du numérique vient opérer un renversement quasi ontologique : sa matérialité même y est mise en cause; elle devient malléable et immatérielle tout à la fois.
Modélisation 3D et réalité virtuelle (VR) sont ici les vecteurs d’un passage vers le numérique où la nature devient ce matériau intangible et intouchable de mondes où la destruction humaine n’a plus cours. Au contraire, le geste humain – qui est alors celui de l’artiste – en est plutôt un de construction, de fabrication et d’aménagement, de composition et d’élaboration. L’altération n’a lieu ici qu’au prix d’une variation perceptive : rien n’est jamais perdu, on ne fait que voir/montrer autrement.
Nouveaux environnements : approcher l’intouchable regroupe des œuvres qui, chacune à leur manière, questionnent la matérialité du monde à travers une exploration de la matière numérique. Avec la réalité virtuelle comme point d’attache, ces univers appartiennent à un registre où le plus distant semble être aussi le plus accessible, alors que l’impalpable offre l’apparence d’être à portée de main. Ce monde que révèle le numérique – modifié, réorganisé, augmenté – est cependant de moins en moins étranger au nôtre, lequel s’altère, se dégrade et disparaît graduellement. Loin d’être immuable, la nature dans laquelle nous évoluons – son ciel, ses terres et ses mers – est peut-être à l’aube de son propre renversement ontologique et, dans tous les cas, certainement à la lisière d’un irréversible retournement.
Nathalie Bachand
Commissaire indépendante, Nathalie Bachand s’intéresse au numérique, à ses enjeux et à ses conditions d’émergence dans l’art contemporain.
Parmi ses projets de commissariat, son exposition The Dead Web – La fin, initialement présentée à Eastern Bloc (2017), a été coproduite par Molior en Europe : dans le cadre de Mirage Festival de Lyon (2019), du Mapping Festival de Genève (2019) ainsi qu’au Ludwig Museum de Budapest (2020), en co-commissariat avec Béla Tamás Kónya. Nathalie était également commissaire invitée pour Art Souterrain 2021 (Chronométrie); son exposition DataffectS a été présentée à la Galerie de l’UQAM (2022); elle a co-commissarié, avec Sarah Ève Tousignant, le festival SIGHT+SOUND 2022 – Danser en attendant (la fin du monde), organisé par Eastern Bloc et finaliste au Grand Prix du Conseil des arts de Montréal; et son exposition Nouveaux environnements : approcher l’intouchable, produite par Molior, a était présentée au Livart (2023).
Elle est membre de l’Association Internationale des Critiques d’Art (AICA), cofondatrice de SALOON Montréal, et siège au conseil d’administration d’Avatar à Québec.
Auparavant responsable du développement pour ELEKTRA-BIAN (2006-2016), elle est actuellement directrice du développement arts numériques pour Sporobole
Elle vit et travaille à Montréal.