PERFORMANCES SONORES | POINT D’OUÏE #3

ESTELLE SCHORPP . NICOLA GIANNINI . PHILIPPE-AUBERT GAUTHIER
Point d'ouïe #3, soirée de performances sonores à Sporobole. Estelle Schorpp, Nicola Giannini et Philippe-Aubert Gauthier

Vernissage : Samedi 6 avril 2024 ‑ 19 h

« POINT D’OUÏE #3 » : PROGRAMME D’IMMERSION SONORE

 

Dans le cadre des festivités autour du 50e anniversaire du centre, Sporobole et La Fabrique culturelle présentent trois événements intitulés Point d’ouïe qui soulignent 10 années d’expérimentation, de résidences, de production et d’infiltration sonore dans l’espace public!

« Point d’ouïe » regroupe le travail d’artistes avec qui nous avons développé de profonds liens de collaboration créative et qui ont marqué ou transformé nos façons de faire, nos sensibilités et notre compréhension des potentialités de ce type de création. L’ensemble des œuvres sélectionnées par Éric Desmarais, notre directeur général qui se fait commissaire pour l’occasion, offre un panorama des pratiques sonores contemporaines tout en mettant à l’honneur des artistes québécois et internationaux qui ont contribué à faire de Sporobole un lieu important pour la recherche en art sonore.

 

Par le biais du dispositif de la vitrine sonore et des résidences de création dans notre laboratoire de son immersif, par diverses soirées performatives dans le cadre du festival Espace [IM] Média, entre autres, ou par nos nombreuses collaborations avec différents partenaires tels que la Faculté de musique de l’Université de Montréal ou la Ligue Canadienne des compositeurs (LCC), nous avons peaufiné notre expertise en art sonore pour nous tailler une place de choix dans ce domaine artistique, tant au Canada qu’à l’étranger.

 


Point d'ouïe, soirée des performances sonores à Sporobole. Image pour Estelle Schorpp

Estelle Schorpp

Maryanne inside my ears, Performance de musique algorithmique, 2024, 25 min

Maryanne inside my ears est un hommage au travail de la compositrice et artiste sonore américaine Maryanne Amacher. La pièce souligne plusieurs aspects de son travail : la dynamique d’amplitude, la structure temporelle inspirée de la marche sonore et, surtout, l’exploration musicale des émissions oto-acoustiques par produit de distorsion*. La pièce favorise la création de « géographies perceptuelles », pour reprendre les termes d’Amacher, en faisant résonner à la fois l’espace, le corps et l’oreille. Ainsi, par l’alternance des échelles de perception au sein de la temporalité d’un paysage qui se dévoile, Maryanne inside my ears est une expérience sonore à la fois délicate et viscérale, essentiellement physique.

 

Attention : Certaines parties de la performance sont très fortes afin d’amplifier les phénomènes de distorsion.

*Les émissions oto-acoustiques par produits de distorsion sont des sons émis par l’oreille interne lorsque celle-ci est stimulée par deux sons purs de fréquences proches, généralement comprises entre 1000 hz et 4000 hz à une certaine amplitude. En réponse, l’oreille interne produit des artefacts harmoniques qui se traduisent par un effet de bourdonnement dans le tuyau auditif.

Photo : Maryanne, courtoisie de l’artiste


Point d'ouïe, soirée des performances sonores à Sporobole. Image pour Nicola Giannini

Nicola Giannini

Rebonds, 2021, 15 min 21 sec

Rebonds est une pièce ludique qui explore les frontières entre rythme, hauteur, texture et espace. L’œuvre s’inspire de la figure rythmique du rebond, une figure récurrente en électroacoustique, caractérisée par la répétition d’un élément à une vitesse croissante. Elle a été composée pour la Vitrine sonore de Sporobole, un dispositif installé à même le mur extérieur de l’édifice.

L’artiste avait déjà commencé à composer la pièce à l’Université de Montréal, mais lorsqu’il est arrivé à Sporobole, il s’est rendu compte que la pièce ne s’intégrait pas au paysage sonore existant. Pendant deux jours, il s’est promené autour du centre, écoutant et enregistrant, jusqu’à ce que des oiseaux et une génératrice d’électricité attirent son attention. C’est ainsi qu’il a composé à partir de ces matières, sans utiliser d’enregistrements, en se laissant guider par les sons pour façonner les matières de synthèse. L’objectif était de créer une réalité mixte qui superpose le paysage sonore existant au monde sonore composé. Il a ensuite réintégré le matériau préparé précédemment, soit les enregistrements des rebonds d’une balle de ping-pong.

Les chorégraphies sonores créées exploitent les possibilités de spatialisation de la Vitrine sonore en imaginant un dialogue entre des oiseaux, des génératrices et des balles de ping-pong, qui agissent à titre de souvenirs auditifs d’étés passés avec la raquette à la main. En changeant la vitesse d’un rebond, l’artiste fait passer une texture rythmique à un son à hauteur reconnaissable. Il a ensuite mis en correspondance ces changements avec les vitesses des trajectoires spatiales.

Une version de concert de Rebonds a été réalisée pour des configurations de haut-parleurs 3D afin de transporter le contexte sonore évoqué par la pièce dans d’autres espaces.

La résidence, qui a eu lieu à la fin de mai 2021, a coïncidé avec l’assouplissement des restrictions liées à la pandémie. C’est pourquoi Giannini a ressenti le besoin de créer quelque chose d’extrêmement joyeux et ludique.

 

Photo : Vue 3D, courtoisie de l’artiste


Point d'ouïe, soirée des performances sonores à Sporobole. Image pour Philippe-Aubert Gauthier

Philippe-Aubert Gauthier

Asynchrone, deux temps, de 18 à 22 minutes

Ça débute avec une petite chose sonore improbable pour un centre d’artiste, pas très fort pour l’oreille, hors contexte. Et arrive la lutherie électronique principale par étape. Ça dissipe la petite chose à écouter, mais elle est toujours là. Et cette lutherie principale, c’est un duo intergénérationnel : machine historique d’un côté, elle sera peut-être même défectueuse, et machine du 21e siècle, toute jeune. Les deux machines interagissent et discutent par l’entremise de signaux de contrôle redevenus intemporels : les voltages de contrôle, les impulsions électroniques. Elles se comprennent malgré leur écart de 40 ans. Puis ça crée des boucles de rétroaction de contrôle, peut-être que ça tourne en rond entre deux époques musicales synchrones ou asynchrones : des fondements originaux de la bass culture jusqu’au renouveau modulaire. Une brève ode à l’histoire, pour célébrer l’histoire et l’héritage de Sporobole.

 

Photo: collage, Tanya Saint-Pierre