WHAT IS THE VALUE OF A DOLLAR? | EXPOSITION

Kosisochukwu Nnebe
27.01 — 18.03 / 2023

Vernissage : Vendredi 20 janvier 2023 ‑ 17 h

À la Galerie d'art Foreman de l'Université Bishop

Comissaire: Matthew Kyba

Vernissage à la Galerie d’art Foreman: 20 janvier 2023, 17h

Artistes: Patrice Renee Washington, Sean Weisgerber, GTA Collective (Kika Thorne, Jane Hutton, Sameer Farooq, Adrian Blackwell), Shellie Zhang, Chester Toye, and TJ Shin

Finissage à Sporobole: 10 mars 2023, 17h

Artistes: Kosisochukwu Nnebe

 

Présentée en collaboration avec la Galerie d’art ForemanWhat is the Value of a Dollar? invite 7 artistes et collectifs à examiner la façon dont les entités à but lucratif ont, de tout temps, exploité et dominé les sociétés, communautés et instances. À l’aide de vidéos, d’installations, de photos et de tableaux, l’exposition englobe des matrices complexes de politiques raciales, de (dis)parité socio-économique et d’action politique, qui témoignent de l’existence d’économies nord-américaines, et de leur prospérité, au détriment de leurs consommateurs et effectifs. Les cadres capitalistes se repaissent d’organismes subjugués en vue de renforcer les hiérarchies économiquement productives de race, de culture, de genre et de richesse. Le titre de l’exposition cherche à savoir ce que vaut le capital financier par rapport au sacrifice éthique, culturel et physique contre lequel il est échangé. Les œuvres présentées emploient un langage visuel capitaliste, qui s’élève contre les économies de marché. Des démarches fondées sur la recherche tracent la dépendance du capitalisme aux communautés qu’il cible et marginalise tout au long de l’histoire. L’exposition What is the Value of a Dollar? soutient que la consommation et la production éthiques sont impossibles dans un contexte capitaliste, et offre des moyens de reprendre ses droits en s’appropriant les tactiques d’entreprises et le langage traditionnellement utilisé pour déposséder autrui.

 

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I want you to know that I am hiding something from you est la première partie d’une installation en deux temps que l’artiste nigériane canadienne Kosisochukwu Nnebe a créée en 2019. L’installation se compose de deux banderoles rouges fixées sur des murs opposés de la galerie et, au centre, d’un podium en bois sur lequel les visiteurs peuvent monter. Du haut de ce podium, les visiteurs peuvent contempler l’espace d’exposition, mais cette fois au travers de plaques acryliques rouges, qui déchiffrent les images et les mots cachés dans les banderoles aux murs. Ce que les visiteurs ne savent pas, c’est que le podium est modelé sur une estrade de vente aux enchères d’esclaves, symbole par excellence de l’objectivation, de la déshumanisation et de l’exploitation, et qui pourtant est le seul endroit assez élevé pour vivre pleinement l’expérience de cette installation.  

C’est à partir d’idées issues de la théorie féministe qu’ici, au sein de l’installation, comme au sein de la société, les éléments qui se voient et ceux qui ne se voient pas sont tributaires de l’endroit où l’on se place. Pour réellement comprendre l’œuvre, l’observateur doit se soumettre à l’objectivation, totalement inextricable de la marchandisation, qui demeure la base du système capitaliste racial, dont l’apothéose est la traite transatlantique des esclaves, et dont les traces sont encore visibles. De bien des façons, ce geste nous force à tenir compte de la perspective et de la production de connaissances des personnes tenues en esclavage, qui ont vu, connu et compris les horreurs de ce système mondial que nous pouvons peut-être difficilement saisir.  

Les images et les mots dissimulés se rapportent à Anansi, l’araignée, dieu malicieux de la mythologie ashanti (Ghana), et ont pour but d’exprimer la subjectivité noire qui, dans son opacité, reste inébranlable. À titre de personnage qui se déplace du monde des dieux à celui des humains, le fripon offre un moyen de parcourir les réalités en apparence paradoxales que Christina Sharpe nomme l’« invivabilité » noire et la vastitude de la culture et de la vie des Noirs. Plutôt que l’un ou l’autre, le fripon offre dérapage et concomitance : dans les moments de force et de vulnérabilité, de violence et de protection, d’hypervisibilité et d’invisibilité, d’absence et de présence. Être fripon, c’est être « inconnaissable » et incontrôlable .

 

Légende et crédits photo : Kosisochukwu Nnebe, I want you to know that I am hiding something from you, vue d’installation, AXENEO7. Image courtoisie de l’artiste. Photo: Justin Wonnacott