LEVASSEUR – MCLEOD – LAROCHE | CHANTIER IA

MARIE-ÈVE LEVASSEUR · DAYNA MCLEOD · SIMON LAROCHE
Dans le cadre du Chantier IA, Sporobole accueille  Marie-Ève Levasseur, Dayna McLeod et Simon Laroche  pour une résidence de recherche et de création sur les outils et les enjeux de l'intelligence artificielle.

Dans le cadre du Chantier IA, Sporobole accueille Marie-Ève Levasseur, Dayna McLeod et Simon Laroche pour une résidence de recherche et de création sur les outils et les enjeux de l’intelligence artificielle.

Cette résidence de huit semaines réunit une cohorte de trois artistes qui travailleront en parallèle à la recherche et au développement de leurs projets respectifs. Tout au long de la résidence, la cohorte sera accompagnée par l’un de nos développeurs en technologies numériques. L’objectif est de permettre à ces trois artistes d’approfondir leurs connaissances et d’ouvrir un espace d’expérimentation et de partage des connaissances autour des technologies liées à l’IA.

Marie-Ève Levassseur

Les relations symbiotiques qui impliquent plusieurs espèces différentes fascinent Marie-Ève Levasseur. Toutes les espèces (même les humains) dépendent de l’« autre » pour survivre. La figure de l’insecte en tant qu’altérité radicale, entre autres, occupe une place importante dans sa démarche pour le présent projet. La morphologie de l’insecte quasi opposée à la nôtre en fait la figure par excellence de l’« autre » : d’une part, elle contraste avec celle de l’humain et d’autre part, elle offre des similitudes avec la technologie telles que sa temporalité accélérée, ses sons stridents, ses vibrations, son exosquelette à la charpente presque métallique, sa courte vie, sa capacité à se métamorphoser, etc.

Dans le cadre du Chantier IA, l’artiste souhaite explorer les symbioses potentielles entre certaines espèces, dont les insectes. Ses recherches imagineront des symbioses et des relations parasitaires et hyperparasitaires afin de créer des images d’êtres fictifs qui serviront à produire des modèles 3D. Levasseur explorera la possibilité de générer des symbiogenèses (un processus qui mène à l’évolution d’un nouveau corps, de nouveaux organes ou d’une nouvelle espèce) à l’image de celles qui se trouvent dans la nature, comme des vers qui vivent en symbiose avec des algues, des champignons qui parasitent des fourmis, des guêpes qui se servent de technologies humaines pour assurer leur survie, etc. De plus, les êtres fusionnés emprunteront des caractéristiques au monde du non-vivant technologique et deviendront ainsi les protagonistes d’un récit spéculatif, poétique et réflexif.

Dayna McLeod

En septembre 2022, Dayna McLeod confie à une société le soin de créer à son image une actrice générée par l’IA, qu’elle nomme « DaynAI ». Le prototype, reçu trois mois plus tard, est frappant de réalisme, à un détail près : la voix. Déçue, l’artiste réalise deux extraits vidéo d’une minute, DaynAI (2022) et DaynAI : This is not Dayna McLeod’s gibber (2023), dans lesquelles le prototype décrit quelques difficultés rencontrées. L’artiste constate en outre que son « moi » généré par l’IA a un tempérament difficile, voire franchement mauvais.

Au cours de sa résidence, McLeod travaille sur une vidéo réalisée à l’aide d’outils d’intelligence artificielle afin d’explorer la collaboration entre humains et non-humains ainsi que les concepts d’incarnation et de performativité. Elle se penchera sur les aspects conceptuels, techniques et artistiques à l’aide de sa figure fictive créée avec l’IA il y a un peu plus d’un an : DaynAI. Or, il s’avère que cette dernière, à cause de sa voix entre autres, est relativement agaçante, ce qui risque de compliquer le travail de l’artiste.

L’œuvre mettra de l’avant la documentation des processus d’écriture, de développement, d’atelier et diffusera des scènes de « collaboration » entre McLeod, DaynAI et son nouveau remplaçant, DaynAI-toooo. Complètement défectueuse, cette nouvelle entité IA fera les frais des moqueries de la DaynAI originale. Pour ce faire, l’artiste propose de réaliser des mises en scènes d’elle avec les deux personnages IA dans lesquelles tout le monde discute du projet même. Elle développera aussi son avatar DaynAI qui sabotera le projet et deviendra une fausse alliée afin qu’il soit impossible pour le nouvel acteur IA de la remplacer.

En abordant le sujet avec humour, McLeod propose une parodie de la panique causée par la crainte de l’humanité de se faire remplacer par l’intelligence artificielle. Ainsi, la figure de l’IA représentée par DaynAI a d’abord peur que la nouvelle entité prenne sa place jusqu’à ce qu’elle réalise les erreurs et l’incompétence du programme rival. Le projet évoque aussi l’échec : en tant que créatrice, l’artiste est intéressée par l’interprétation d’un personnage à la confiance en soi gonflée par ses capacités sans expérience alors qu’elle tente de créer un protagoniste virtuel indépendant des outils et des technologies d’IA. Cette attitude, qui consiste à se demander si c’est vraiment difficile, ouvre la voie à l’échec, à l’humour et à la vulnérabilité.

Simon Laroche

Dans le cadre de sa résidence, Simon Laroche propose d’abord de développer une réflexion critique sur l’aspect hypernormatif de certaines techniques actuelles et outils de l’intelligence artificielle. Il compte également explorer différents moyens d’extraire des caractéristiques expressives et symboliques à partir d’images captées sur scène pour ensuite produire des « réponses » permettant d’établir un dialogue et une rétroaction significative entre un système informatique, des artistes en performance et des humains participants. Ces expérimentations seront finalement intégrées à deux projets distincts, l’un de nature chorégraphique et l’autre sous forme de théâtre participatif.