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MITCH MITCHELL / BERTH

Les estampes et les installations in situ de Mitch Mitchell présentent des séries d’images mises en scènes montrant des paysages manipulés qui évoquent l’étendue des contraintes imposées à différents milieux par de grands projets de construction. Dépourvues de toute référence visible à l’habitation humaine, elles revêtent l’apparence à la fois poétique et obsédante du processus de transformation propre à l’abandon industriel.

Les œuvres récentes de l’artiste sont marquées par un changement d’échelle délibéré, qui procure à l’observateur un moment de désorientation et de séparation physique d’avec l’espace. Mitchell associe cette sensation à certains voyages de recherche au cours desquels il a visité de grands chantiers de construction, où les différences d’échelle entre le territoire au loin et le corps apparaissent presque insensées et irréelles. Sans point de repère familier, il est impossible de différencier grand et petit, micro et macro, masses et espaces vides. Cette perte d’échelle amène l’observateur à situer l’imaginaire quelque part entre un paysage illusoire et la topographie d’un plan plus intime, qui existent tous deux, ultimement, dans un domaine de l’inconnu.

Pour BERTH (poste d’amarrage), sa nouvelle installation à base d’estampes, Mitch Mitchell a réalisé une construction visuelle élaborée qui témoigne de l’impératif de commerce perpétuel, de distribution de matériaux et de production de déchets imposé mondialement par l’industrie. BERTH, faite de milliers de conteneurs miniatures imprimés à la main, pliés et empilés, suggère une correspondance entre cette masse de conteneurs de transport et les montagnes de pierre d’une carrière. La relation à la fois claustrophobe et ludique que révèle cette conversation en deux parties devient une métaphore poétique pour la production de masse et la priorité des besoins et des désirs à l’échelle planétaire, et pour le lien entre ces questions et celles de la densité de population, du développement du territoire et de l’épuisement généralisé des matières premières.

Dans le cadre de ses activités développées en parallèle aux expositions, Sporobole vous invite à une présentation de l’artiste Mitch Mitchell vendredi le 8 juin à 19h30, suivi à 20h d’une conférence d’Alain Deneault, sociologue, autour de l’évasion fiscale et du transport maritime

L’installation Berth de Mitch Mitchell, est présentée du 7 juin au 29 juillet 2012 à Sporobole. Cette installation est fabriquée à partir de milliers de conteneurs miniatures imprimés à la main, pliés et empilés, à mi-chemin entre l’entassement de conteneurs de cargos et l’empilement de pierres de carrière. Une relation claustrophobe mais néanmoins ludique créée dans cet espace devient une métaphore poétique de la production de masse, de la densité de population et de l’épuisement mondial des ressources.

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Conteneurs, pavillons de complaisance et paradis fiscaux…

« Plus de 60% du transport maritime est aujourd’hui géré depuis des ports francs tels que le Panama, le Liberia ou les Îles Marshall. Ces législations de complaisance invitent les armateurs de partout à immatriculer chez eux leurs navires en leur promettant de n’appliquer aucun droit digne de ce nom. Fuir le fisc, sous-payer son personnel, le priver de sécurité au travail, négliger l’entretien des navires et polluer les principaux cours d’eau du monde est donc aujourd’hui légion dans cette industrie gérée dans ces ports francs, hors la loi. Le transport de marchandises représenté emblématiquement par le conteneur ne pourrait avoir lieu aussi massivement qu’aujourd’hui sans ces conditions de déplacements maritimes que les législations de complaisance offrent à rabais. Cela se fait au détriment de la classe ouvrière et de l’écosystème. Grâce à cette pression sur les conditions de travail et à ce mépris écologique rendu possible, le phénomène de la délocalisation d’entreprises devient rentable. Il pousse au chômage les travailleuses et travailleurs du Nord tout en réduisant au rôle de bagnards les gens du Sud trouvant du travail dans des zones franches. L’heure est venue de prendre conscience de ce phénomène. » A.D.

Crédit vidéo: Patric Lacasse    Montage: Pierre-Luc Trudel

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Dans le cadre de l’exposition de Mitch Mitchell intitulée Berth, qui à travers la figure du conteneur, évoque le transport de masse, la consommation perpétuelle et les catastrophes qui en découlent, Sporobole présente un essai documentaire de l’artiste photographe reconnu internationalement Allan Sekula co-réalisé avec Noël Burch.

The Forgotten Space – english, with english subtitles, 113 minutes.

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Photos : Jocelyn Riendeau